Patrick Nardin

Le Cambodge peint

Cambodge peint, vidéo 4K sonore, 2’50’’, 2018 (extrait).

Le Cambodge peint est un film en papier composé d’images peintes sur des supports de récupération : notes d’hôtel, factures, bulletins, vieux carnets, journaux, tickets de caisse, pour la plupart collectés en Asie. L’animation développe un double mouvement : celui des figures qui traversent le champ dans la continuité de leur déplacement dans l’espace, celui des bouts de papier qui deviennent des photogrammes indépendants imprimant leur propre dynamique suivant l’intensité ou la faiblesse des contrastes.
Le travail a été partiellement réalisé sur place au Cambodge ; à partir d’une observation de la rue, la peinture produit ici une représentation du monde contemporain qui transforme le quotidien le plus banal en une expérience visuelle. « La question de la nature de mon travail m’est souvent posée, dit Patrick Nardin ; s’agit-il de cinéma ou de peinture ? À la question : vous faites du cinéma ? Je réponds non, pas du tout, de la peinture. Ah bon ? Ce sont des tableaux alors ? Ah non, ce sont des films. On est pris là dans une boucle qui reste sans arrêt indécise où les deux se renvoient l’un à l’autre. En réalité, je fais de la peinture et je montre des films ».

Phnom Penh 18/24

Phnom Penh 18/24, super 8 numérisé, couleur, silencieux, 4’39’’, 2018

Phnom Penh 18/24 a été tourné en super 8 à Phnom Penh sur un mode performatif. Placé au milieu de la rue, j’enclenche le zoom électronique de la caméra pour aller à la rencontre du point de fuite, en parcourant la ville par de courtes étapes. Placées bout à bout, les séquences tracent à travers l’espace une longue ligne droite. La trajectoire qui se déploie est ici un mouvement fictif puisque l’opérateur reste immobile et laisse agir l’appareil. Entre chaque moment s’intercalent 3 images en rupture, dont un photogramme blanc ; le montage produit ainsi un sursaut après chaque zoom, accélérant la dynamique comme si l’ensemble était propulsé par une mécanique interne.
Le titre fait référence au protocole de montage ; tourné initialement à 18 images par seconde, le film a été reconstitué sur une rythme de 24 images, ce qui augmente automatiquement sa vitesse de défilement. Concrètement, il a été décomposé image par image après sa numérisation, puis reconstruit sur la base d’une structure répétitive qui le conduit à revenir sans arrêt sur lui-même.