Coopération

Alors que les procès de Phnom Penh rappellent au monde entier l’ampleur des crimes commis par les Khmers rouges au Cambodge et l’impunité dont ont bénéficié les responsables, il nous a paru nécessaire, de développer des projets scientifiques et culturels pour témoigner de la survivance et de la créativité d’un pays qui a connu un génocide et dont 90% des artistes et des intellectuels ont été éliminés. Ceux qui ont survécu au régime de Pol Pot comme Vann Nath, Rithy Panh et d’autres, ont joué un rôle essentiel, en particulier par un travail de transmission d’une mémoire artistique, moderne ou traditionnelle, à la nouvelle génération

C’est dans cette perspective que, depuis 2008, le département d’Arts plastiques de l’Université Paris 8 et le Laboratoire « Arts des images et art contemporain » (AIAC) sont engagés dans des projets de coopération scientifique avec des instituitons cambodgiennes, dont le Centre Bophana, dirigé par le cinéaste Rithy Panh, et l’Université royale des beaux-arts (URBA). Cette collaboration s’est traduite, d’une part, par des programmes de recherche comme « Mémoire, archive et création », « Art et postmémoire au Cambodge »  et d’autre part, à travers l’intervention régulière d’enseignants-chercheurs à l’URBA, sous la forme de workshops et de conférences ; Soko Phay, Claire Fagnart, Sabine Bouckaert, Patrick Nardin, Jean-Louis Boissier, Philippe Nys, Alain Cieutat, Pascal Bonafoux, et plus récemment Marie Preston et Arno Gisinger, ont ainsi assuré des missions d’enseignement dans ce contexte. Cette coopération s’est depuis étendue à l’Ecole d’art Phare Ponleu Selpak, située à Battambang dans le nord du pays.

Le livre Cambodge, cartographie de la mémoire (dir. Patrick Nardin, Soko Phay, Suppya Nut, Paris L’Asiathèque, 2017), issu du colloque « Images du Cambodge : mythe, histoire et art contemporain »qui s’est tenu en avril 2015aux Archives nationales de France, témoigne de cette expérience en l’inscrivant dans le contexte de la recherche internationale. L’ambition de cet ouvrage est de montrer la complexité d’une histoire ne se réduisant pas à la splendeur d’Angkor et à l’horreur des années khmères rouges. Pour en percevoir les enjeux, les auteurs ont interrogé successivement les mythes et les survivances angkoriennes, les processus mémoriels de l’époque du protectorat à nos jours, ainsi que l’art post-khmer rouge. Cette cartographie de la mémoire permet de saisir l’imaginaire d’un pays en pleine mutation sociale, économique et culturelle.